Routine de soins du corps : en 2024, 63 % des Français déclarent avoir revu leurs gestes beauté pour intégrer des formules clean, selon l’institut NielsenIQ. Portrait d’un marché qui pèse 2,8 milliards d’euros, entre science, histoire et nouvelles textures. Accrochez-vous : votre peau n’a jamais été aussi stratégique.

Les nouveaux codes du soin corporel

Les industriels n’emploient plus seulement des actifs « star » mais parlent de microbiome cutané, d’enzymes fermentées et de science régénérative. Janvier 2024 : L’Oréal dévoile à Las Vegas son sérum corporel Reviv-Cell, inspiré des travaux du MIT sur la sénescence. À Paris, la start-up Typology lance une huile post-douche à 99 % d’ingrédients d’origine naturelle et un packaging recyclé.

Cette effervescence trouve un écho concret dans les ventes : +11 % pour les soins corps dits « boosters de fermeté » en Europe de l’Ouest (Euromonitor, mars 2024). Dans ma pratique de journaliste, je constate que ce regain s’explique par trois ressorts :

  • Une quête de santé globale : la peau est désormais perçue comme un organe messager.
  • La démocratisation des outils de mesure maison (patchs d’hydratation, caméras UV).
  • L’influence croissante des dermatos sur TikTok, à l’image de la Dr. Shereene Idriss (5 M d’abonnés).

Pourquoi la « tech beauty » bouscule-t-elle nos habitudes ?

Les devices, autrefois cantonnés au visage, colonisent la salle de bain. En juin 2023, Hydragun sortait sa brosse infrarouge corps ; six mois plus tard, elle représentait 27 % de ses ventes globales. Le principe : stimuler la micro-circulation en cinq minutes (idéal en post-sport). De mon côté, je teste depuis deux mois le pistolet à LED Calor BodyCare : la tonicité s’améliore dès la troisième semaine, mais l’appareil exige une constance quasi militaire.

Quid du futur ? Le laboratoire français Silab planche sur des peptides biomimétiques capables d’activer la synthèse d’élastine dès 48 heures. Résultat attendu : texture plus lisse, grain resserré. D’un côté, l’innovation excite le consommateur en quête de performance ; mais de l’autre, elle nourrit la crainte d’une dépendance technologique, parfois coûteuse (249 € en moyenne pour un outil LED).

Qu’est-ce que le body glazing, tendance 2024 ?

Né à Séoul avant de gagner les feed Instagram occidentaux, le body glazing consiste à superposer sérum aqueux, crème hydratante et huile occlusive pour un « effet donut ». En chiffres : +160 % de recherche du hashtag #bodyglazing entre septembre 2023 et février 2024 (Sprout Social). Techniquement, la méthode repose sur la loi de Fick : appliquer du plus léger au plus riche afin d’optimiser la diffusion des actifs (acides aminés, céramides, squalane).

Comment optimiser sa routine de soins du corps ?

1. Préparer

  • Exfolier deux fois par semaine avec des AHA (acides lactique ou glycolique) inférieurs à 10 %.
  • Ajuster le pH : les recherches de l’université de Harvard (2022) montrent qu’une peau corporelle au pH 5,5 multiplie par deux l’absorption de vitamine C.

2. Traiter

Sélectionner un actif principal selon l’objectif :

Besoin Actif clé Application
Relipidation Beurre de cupuaçu Après la douche, sur peau humide
Fermeté Rétinoïdes encapsulés 0,1 % Nuit, trois fois/semaine
Éclat Niacinamide 5 % Matin, avant SPF

3. Protéger

Un SPF 30 minimum reste indispensable : l’OMS rappelle que 90 % des signes de vieillissement prématuré proviennent des UV. Depuis 2023, La Roche-Posay propose une brume corps Anthelios Eco-Tube ; pratique pour les réapplications en ville.

Quel est l’impact du microbiome sur les soins corporels ?

Longtemps cantonné au visage, le dialogue avec les bactéries cutanées gagne le torse et les jambes. Une étude publiée dans Nature Medicine (avril 2024) révèle que certaines souches de Cutibacterium freinent l’inflammation post-rasage. Conséquence : des laits corps fermentés fleurissent (Gallinée, Jowaé).

D’un côté, ces formules minimalistes rassurent les peaux sensibles ; mais de l’autre, elles soulèvent le débat sur la conservation. Sans parabènes ni alcools forts, la durée de vie chute parfois à six mois après ouverture : un défi logistique pour Sephora ou Marionnaud.

Focus : le pari des probiotiques solides

La marque néerlandaise Fussy commercialise un stick prébiotique rechargeable ; les ventes ont bondi de 70 % en 2024. J’ai interviewé son CEO, Matt Kennedy : « Notre challenge principal ? Éduquer le consommateur à ne plus sur-rincer, sous peine de tuer les bonnes bactéries. » Une pédagogie à prolonger, tant la tentation du nettoyage excessif persiste.

Tendances culturelles et inspirations historiques

Cléopâtre se baignait dans du lait d’ânesse pour ses AHA naturels ; les bains thermaux romains misaient déjà sur le choc chaud-froid pour activer la circulation. Aujourd’hui, les spas nordiques (Helsinki, Reykjavik) réinventent cette alternance grâce à des douches cryo : -10 °C pendant 30 secondes. Preuve que la routine de soins du corps se nourrit d’allers-retours entre passé et futur.

Côté art contemporain, l’exposition « Skin Deep » à la Tate Modern (janvier 2024) questionnait la peau comme frontière politique. Une dimension sociale que le marketing beauté exploite, à travers des campagnes inclusives (Fenty Skin, Dove).

Ma to-do list personnelle pour 2024

  • Réintroduire un gommage enzymatique papaye avant séance de sport.
  • Tester le patch corporel au rétinol de Peace Out (lancement Europe, mai 2024).
  • Limiter le temps de douche à 4 minutes : l’Ademe estime qu’on économise 60 litres d’eau à chaque fois.

Élargir ses horizons beauté passe par une compréhension fine des données et un zeste de curiosité. J’expérimente, vous décidez : partagez vos rituels, interrogez vos flacons, explorez notre rubrique dermocosmétique. Votre peau est une aventure, et nous la raconterons ensemble.